Peut-être est-ce là une question que vous vous êtes déjà posée. Vous sentez confusément que vous avez besoin de “lâcher” quelque chose, mais quoi exactement… ?
Pourquoi pourrait-il être bénéfique de lâcher prise sur certaines choses ? Et quel serait alors le mode d’emploi ?
Et surtout, comment réussir à lâcher prise dans des situations délicates et qui nous touchent au plus profond de nous ?
Dans cet article, je vous propose de réfléchir ensemble autour de cette notion, à la fois très simple, mais aussi très complexe, et relativement étrangère à notre culture occidentale, qui est axée sur le contrôle des événements. Car la difficulté du lâcher prise, vous le sentez bien, c’est qu’il va à l’encontre de notre besoin de maîtrise…
Vous verrez, d’ailleurs, que la capacité à lâcher prise est étroitement liée à la confiance en soi que l’on a développée intérieurement.
Que faut-il “lâcher” dans le lâcher prise ?
On pense souvent que le lâcher-prise est synonyme d’un retour calme, de cultiver un esprit zen. Or, c’est beaucoup plus que cela, c’est une transformation profonde parfois difficile à engager, parce que cela demande de lâcher des choses auxquelles nous sommes agrippés : des positions, des principes, des habitudes, notre ego…
En fait, nous nous agrippons à des points de repères, et accepter de les lâcher peut nous donner l’impression que nous allons perdre tout contrôle sur la situation.
Le besoin de contrôle
Par exemple, avez-vous déjà essayé de transporter plusieurs tasses de cafés sur un plateau comme le font les serveurs au restaurant ?
Si c’est le cas, vous vous êtes rendus compte que pour éviter de renverser vos cafés en marchant, la meilleure technique est de regarder droit devant vous et d’avancer avec assurance.
Si, au contraire, vous commencez à fixer les tasses et à tenter d’ajuster votre équilibre pas après pas, il est quasiment certain que vous aurez fait déborder au moins une de vos tasses dès le deuxième pas…
Conclusion ? Pour traverser la salle sans renverser une seule goutte de café sur votre plateau, vous avez besoin de détacher vos yeux des tasses, c’est-à-dire d’accepter de ne plus contrôler par le regard votre plateau et ce qu’il transporte, et de vous faire confiance.
Et le résultat est surprenant, vous y arrivez très vite. Pourquoi ? Et bien, je suppose que le plateau suit les mouvements de votre buste, et si vous le relâchez pour avancer normalement, calmement et avec assurance, votre plateau prendra le même chemin.
Pour lâcher prise et avancer avec confiance, avec votre plateau au bout du bras, ou plus généralement dans la vie, vous avez besoin d’un fond de sécurité sur lequel vous appuyer, une petite voix au fond de vous qui vous dit que tout se passera bien, que vous pouvez réussir à traverser cette zone d’incertitude et à arriver sur l’autre rive.
Si vous ne réussissez pas à contacter ce lâcher prise au fond de vous, si vous acceptez de lâcher un peu du regard les tasses, mais pas complètement, et qu’il y a en vous une angoisse qui vous tenaille le ventre, alors le résultat sera pire que si vous gardez les yeux rivés sur les cafés : vous allez tout renverser, et cette mauvaise expérience vous renforcera dans l’idée qu’il faut tout contrôler et ne surtout pas quitter ces tasses des yeux.
Le barrage de l’égo
Une autre situation où votre capacité à lâcher prise pourra s’exercer peut être celle où vous êtes face à votre enfant de 2 ans qui se trouve dans la phase d’opposition de tous les enfants de cet âge… Vous voulez qu’il se brosse les dents avant d’aller se coucher, et au moment où il vous entend l’appeler, il commence par se sauver à l’autre bout de la maison ! Et quand vous le rattrapez pour le ramener dans la salle de bain, alors il ferme hermétiquement la bouche et vous regarde avec un air de défi…
A ce moment-là, si vous vous crispez et restez bloqué sur l’idée qu’il DOIT se brosser les dents :
- parce que c’est l’heure,
- parce que vous lui avez demandé et qu’il doit vous obéir,
- ou parce que vous voulez qu’il aille se coucher MAINTENANT parce que vous êtes fatigué(e),
la situation risque de virer au conflit et au rapport de force. La tension va monter et rien de bon ne va probablement en sortir. Face à un enfant qui s’oppose et se crispe, votre capacité à lâcher prise va être une ressource essentielle.
Transformer le conflit en jeu, taquiner votre enfant, accepter son opposition temporaire avec souplesse va vous aider à réaffirmer votre autorité quelques minutes plus tard avec efficacité. Votre enfant a seulement besoin d’avoir des espaces où il peut dire non et construire son identité naissante, et parfois cela passe par prendre le contre-pied de tout ce que vous décidez pour lui !
Heureusement pour quelques mois seulement, ensuite il s’adoucira et acceptera beaucoup mieux les règles que vous fixez à la maison.
Mais pouvoir rester souple dans cette situation, et réussir à aller chercher en vous le rire et la patience, nécessite que vous acceptiez de revenir sur ce que vous aviez planifié dans votre tête (de lâcher prise sur vos plans pour la soirée), et également que vous ne vous sentiez pas agressé(e) personnellement par cette opposition souvent énoncée avec un “Non !” tonitruant, que vous n’ayez pas le sentiment que votre autorité soit remise en cause par l’affirmation de ce joyeux bambin haut comme trois pommes, capable d’un tel aplomb face à vous…
A nouveau c’est votre niveau d’estime de vous et de confiance en vous qui va vous permettre de trouver ce lâcher prise plutôt bienvenu.
Vous le voyez, dans ces deux exemples, ce qu’il s’agit de lâcher c’est votre angoisse souterraine : l’angoisse d’être débordé(e) et de ne plus rien maîtriser, et qui se présentera selon les situations sous différentes formes, telles que le besoin de contrôler une situation ou votre image, ou encore comme le besoin de préserver votre ego.
Mais n’oubliez pas qu’il ne s’agit là que de stratégies de survie, et que la survie sera toujours prioritaire face au confort. Donc mieux vaudra s’agripper que de se mettre en danger. Pour lâcher prise, il faut donc trouver comment vous sentir en sécurité dans la situation qui vous pose problème.
Aller vers le lâcher-prise : dans quel but ?
Trouver l’apaisement
Dans certaines situations, lâcher-prise et accepter de ne pas tout contrôler peut venir contrarier notre égo. C’est faire le deuil que tout fonctionne à notre manière, de la façon dont on l’a prévu : comme dans l’exemple ci-dessus du coucher de votre enfant, ou encore des années plus tard au moment d’organiser son mariage, de faire les plans de table, de choisir les menus, la musique etc.
Peut-être avez-vous vous-même entendus vos parents formuler des critiques vis-à-vis de l’organisation de votre mariage, ou d’une fête de famille : le plan de la table était mal pensé, la musique trop forte, etc. Avec l’idée sous-jacente que s’ils s’en étaient occupés, cela aurait été mieux « fait ». C’est sur la base de leurs propres critères que ces jugements sont énoncés : c’était bien ou ce n’était pas bien. Alors qu’il serait plus juste de dire : « « c’était à notre goût, cela répondait à nos envies, à nos besoins, ou non ».
Ce sont donc des critères subjectifs qui entrent en compte. Quelqu’un d’autre interrogé aura peut-être trouvé la musique parfaite, mais va critiquer le menu par exemple. Chacun juge selon son idéal, selon ses valeurs, selon ses goûts et les transforme en vérité absolue.
Ici, lâcher prise signifie profiter de la fête, accepter que tout ne soit pas organisé comme nous l’aurions souhaité, mais réussir à apprécier le positif. C’est accepter les imperfections éventuelles, les ratés, avec le sourire, savoir en rire, et se focaliser sur le positif.
Du côté des mariés, le lâcher prise va s’opérer en faisant le deuil que tout le monde soit comblé, ou heureux ; c’est accepter que certaines personnes formulent des critiques. C’est aussi faire le deuil d’un mariage parfait, pouvoir accepter les imprévus et les ratés qui se seront déroulés au cours la journée, etc.
Réussir à lâcher prise et à accepter les choses telles qu’elles sont, sans chercher à les changer, sans en concevoir de l’amertume, va vous permettre d’accéder à une paix intérieure et à un relâchement bienfaisant, et vous pourrez profiter du moment présent, sans pensée parasite.
S’accepter dans toutes ses imperfections
Plus généralement, lâcher-prise renvoie également à l’acceptation de ses erreurs, de ses imperfections, de son humanité, et au fait de pouvoir s’aimer toujours autant. Cela permet d’être plus détendu, mois stressé, de ressentir moins de pression au quotidien.
Lâcher prise revient donc à accepter sa finitude, son imperfection, renoncer à vouloir tout, tout de suite, tout le temps. Cela revient à accepter le manque comme faisant partie inhérente de la vie, et ce faisant, trouver l’apaisement comme évoqué ci-dessus.
Je pense que cette notion questionne beaucoup en ce moment dans notre société, et revient régulièrement dans les magazines et les émissions tournées vers le bien-être, sans doute parce que dans le lâcher prise c’est une énergie d’accueil qui est à l’oeuvre, donc une énergie plutôt féminine, là où le fonctionnement occidental, plutôt axé sur la performance, sur le faire, le paraître, les résultats, relève d’une énergie masculine. Notre société est en mutation et est en quête d’une réconciliation avec son féminin…
D’une certaine façon, lâcher prise c’est accepter le yin dans le yang, et le yang dans le yin, le blanc dans le noir, les nuages dans le ciel, la pluie au beau milieu de l’été, sans que cela ne change votre amour des autres, de la vie et de vous-même.
Article publié sur : objectif nouvelle vie